Shortlist and Winner IBP 2017 French Language Edition
The IBP 2017 French Language Edition was organised and sponsored by the Groupement d’intérêt scientifique Études asiatiques (GIS Asie).
Secretary: Sébastien Lechevalier
Acting Secretary: Malgorzata Chwirot
Reading Committee
Valérie Gélezeau
Vincent Goossaert
Loraine Kennedy
Mickael Lucken
Winner of IBP 2017 French Language Edition
Marine Carrin, Le parler des dieux. Le discours rituel santal entre l'oral et l'écrit (Inde) [The Language of the Gods. Santal Ritual Discourse Between the Oral and the Written (India)]. Société d’ethnologie : Nanterre 2015.
A remarkable work of anthropology on the Santal people, belonging to the Austroasiatic language family, who are one of the largest adivasi (or ’Scheduled Tribe’) groups of India (10 million people). This book focuses on the language of the Santal (Santali), an inalienable resource at the heart of identity issues for this socially and economically marginalised indigenous group. With erudition and eloquence, Marine Carrin analyses the relationship of the Santal with speech and writing, with which they first came into contact in the 19th century, in order to access the various registers of knowledge of the Santal. By focusing on language interaction and on ‘ritual discourse’, a notion that she articulates with symbolic thought, Carrin proposes a reading of the processes by which the Santal assert their identity and resist assimilation, whilst positioning themselves in contemporary Indian society. A fascinating book that is the crowning achievement of more than four decades of work on this indigenous group of Central India.
Un travail remarquable d’anthropologie sur les Santal, un des groupes adivasi (tribaux) les plus importants de l’Inde (10 millions de personnes) de langue austro-asiatique. Ce livre s’intéresse à la langue des Santal (santali), une ressource inaliénable au cœur des enjeux identitaires pour ce groupe indigène socialement et économiquement marginalisé. Avec érudition et éloquence, Marine Carrin étudie le rapport des Santal à la parole et à l’écriture, avec laquelle ils entrent en contact pour la première fois au 19esiècle, pour accéder aux divers registres de savoir des Santal. En se focalisant sur les échanges langagiers et sur le « discours rituel », notion qu’elle articule avec la pensée symbolique, Carrin propose une lecture des processus par lesquels les Santal affirment leur identité et résistent à l’assimilation, tout en se positionnant dans la société indienne contemporaine. Un livre passionnant qui vient couronner un travail de plus de quatre décennies sur ce groupe indigène de l’Inde centrale.
Shortlist IBP 2017 French Language Edition
Stéphanie Balme, Chine. Les visages de la justice ordinaire. Entre faits et droit [China, Faces of Ordinary Justice. Between Facts and Law]. Paris: Presses de Sciences Po, 2016.
A high-quality book, which synthesises the insights gained from unprecedented field experience on the functioning of the contemporary Chinese penal system; solid and informed, but also personal, engaged, and very new thanks to a close observation of the making of justice. The author traces the rapid construction of an immense legal system (normative construction on the one hand, and institutional on the other) since the end of the Cultural Revolution, on the ruins of legal traditions and a body of lawyers annihilated by Mao, and by combining a socialist tradition and some Western practices in uneasy ways. It demonstrates, not from a theoretical point of view, but from the perspective of litigants, the contradictions between aspirations to the rule of law, the various (and sometimes tense) sources of the norm, and the privileges of various security authorities who enjoy precedence over the ordinary functioning of the law.
Très beau livre, à la fois de synthèse et nourri d’une expérience de terrain inédite, sur le fonctionnement du système pénal chinois contemporain ; à la fois solide et informé, mais aussi personnel, parfois engagé, et très nouveau par l’observation de près de la fabrique de la justice. L’auteure retrace avec maîtrise la construction rapide d’un immense appareil juridique (construction normative d’une part, institutionnelle de l’autre) depuis la fin de la Révolution culturelle, sur les ruines de traditions légales et d’un corps d’avocats annihilés par Mao, et en combinant de façon malaisée une tradition socialiste et certaines pratiques occidentales. Elle montre bien, non pas d’un point de vue théorique, mais dans la perspective des justiciables, les contradictions entre les aspirations à un état de droit, les sources diverses (et parfois en tension) de la norme, et les privilèges de diverses instances de sécurité qui jouissent d’une précédence sur le fonctionnement ordinaire du droit.
Pablo Blitstein, Les fleurs du royaume. Savoirs lettrés et pouvoir impérial en Chine, Ve-VIe siècle [The Flowers of the Kingdom. Literary Knowledge and Imperial Power in China, 5th-6th Century]. Paris: Les Belles Lettres, 2015.
A book derived from a recent thesis, but more theoretically elaborated, comprehensive and ambitious than most such ‘first books’. A fine work on the use of prose and poetry by the elites of the Southern dynasties, it analyses learning and the use of literary techniques as a mode of governing the self and society. It shows that the classical opposition between literature and politics prevents us from understanding the functioning of the medieval Chinese court society; all the texts (from poetry to administrative reports) respond to the same ethics and requirements. Mastering the composition and interpretation of such texts is the fundamental principle of power relations. This reflection illuminates further than its immediate object : Nanjing between 450 and 570.
Un livre issu d’une thèse récente, mais bien plus construit théoriquement, ramassé et ambitieux que la plupart de ces ‘premiers livres’. Beau travail sinologique (traductions fines de textes ardus, gros appareil critique) sur l’usage des lettres chez les élites des sociétés des dynasties du Sud : apprentissage et usage des techniques lettrées comme mode de gouvernance de soi et de la société. Il montre que l’opposition classique entre littérature et politique nous empêche de comprendre le fonctionnement de la société de cour chinoise médiévale : tous les textes (de la poésie au mémoire administratif) répondent à une même éthique et à de mêmes exigences : la maîtrise de leur composition et de leur compréhension est le principe fondamental des relations de pouvoir. Cette réflexion éclaire plus loin que son objet premier : Nankin entre 450 et 570.
Agnès Giard, Un désir d’humain. Les ‘love doll’ au Japon [A Human Desire. The ‘love doll’ in Japan]. Paris: Les Belles Lettres, 2016.
This book is a work of social anthropology that deals with a set of masturbatory dolls produced in Japan since the 1980s. It derives from a thesis defended in 2015 in Paris-Ouest Nanterre University. The book is all the more remarkable because it is based on fieldwork conducted in a closed environment where it is difficult to have the actors speak. It is therefore an original work on a complex subject, which questions not only contemporary sexual practices, but also fetishism in general and the appeal of realism in particular, two essential questions in the study of art and religion. The author manages to find the right tone to deal with this subject, a tone that is neither too formal nor too crude, describing things clearly, without ever falling into obscenity. This is an examination of very contemporary issues.
Cet ouvrage est un travail d’anthropologie sociale qui porte sur un ensemble de poupées masturbatoires produites au Japon depuis les années 1980. Issu d’une thèse soutenue en 2015 à Paris-Ouest Nanterre, il repose sur un travail de terrain d’autant plus remarquable qu’il s’agit d’un milieu fermé et que les acteurs sont difficiles à faire parler. Il s’agit donc d’un ouvrage original sur un sujet complexe qui interroge non seulement les pratiques sexuelles contemporaines, mais aussi le fétichisme en général et l’attrait du réalisme en particulier, deux questions essentielles dans l’étude de l’art et des religions. l’Auteure est parvenue à trouver le ton juste pour traiter ce sujet, un ton qui n’est ni compassé, ni trivial, qui dit les choses avec netteté, sans jamais tomber dans l’obscénité. Il s’agit d’un regard sur ces questions très contemporain.
Emmanuelle Peyvel, L’invitation au voyage. Geographie postcoloniale du tourisme domestique au Viȇt Nam [An Invitation to Travel. Postcolonial Geography of Local Tourism in Vietnam]. Lyon: ENS Editions, 2016.
What can we learn about processes of globalisation in tourism, by observing Vietnamese tourists in their own country? In a post-colonial and critical perspective, this book dissects the ‘arts of doing’ and the touristic inventiveness of Vietnamese people in the context of multi-polar globalisation. From the start, this perspective challenges popular perceptions of an old-fashioned tourism, as seen from occidental Europe, which reflects its erstwhile domination. On the contrary, following Vietnamese tourists from popular seaside resorts to mountain resorts allows the author to address the circulation of practices, of places and imaginary (fantasy) in the world, through the prism of tourism. The reader is absorbed into the book as if visiting a touristic site, which enlivens the ethnographic descriptions.
Que peut nous apprendre sur les processus de mondialisation du tourisme l’observation des touristes vietnamiens dans leur propre pays ? Dans une perspective post-coloniale et critique, le livre décortique les « arts de faire » et l’inventivité touristique des Vietnamiens dans le cadre d’une mondialisation conçue comme multipolaire. Cette posture bouscule d’emblée les idées reçues d’un tourisme daté et situé depuis l’Occident, et qui en exprime encore aujourd’hui la domination. Au contraire, suivre de très près la circulation des touristes vietnamiens des stations balnéaires prisées aux retraites montagnardes permet à l’auteur justement d’envisager la circulation de pratiques, de lieux, et d’imaginaires dans le monde par le tourisme. Le livre se lit très facilement. On entre dans le livre comme on visite un site. Tout au long du livre, l’ethnographie est ainsi restituée de manière très vivante.